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 Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS]

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Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS] Empty
MessageSujet: Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS]   Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS] Icon_minitimeDim 9 Oct 2011 - 14:58

Maëlle Seegan
Un roi sans divertissement est un homme plein de misère.

crédit ♦ Créditez ici le créateur de votre avatar.
avatar ♦ Mika Nakashima
codeOwi.


nom ♦ Seegan (née McWard)
prénom(s) ♦ Maëlle (Annick Enora)
surnom(s) ♦ Mel
date de naissance ♦ 13 décembre 1994
métier ♦ Elle n’en a rien à foutre.
statut ♦ Elle est lambda.


style vestimentaire ♦ Elle porte fréquemment une veste de cuir noir, cadeau d’un bon ami, l’un des rares qui soit réellement son ami, d’ailleurs. En-dessous, un tee-shirt le plus souvent, ou alors quelque chose ressemblant à un chemisier, le tout plus ou moins troué et bardé de divers symboles plus ou moins provocateurs. A ses pieds, des Docs , et au-dessus, ça navigue entre jupe au-dessus des genoux avec des collants, et pantalon serré en passant par un pantacourt et des chaussettes bien voyantes. Le foulard autour du cou, elle aime bien, de temps en temps, et une casquette ou un khâlot posés crânement de travers. Jamais sans mon chapeau.
taille ♦ Ce n’est pas une grande fille, elle avoisinne un petit mètre soixante.
corpulence ♦ La demoiselle est menue, ce qui la rend, au final, assez peu féminine. Euh, disons, pas vraiment voluptueuse…une brindille soufflée par le vent !
yeux ♦ Ses yeux sont bruns, proches du noir. Notons que la demoiselle les maquille outrageusement, comme une voiture volée, au moins.
cheveux ♦ Cheveux noirs (au soleil, leurs reflets sont roux), assez lisses. Elle les porte plutôt courts, pas forcément bien coiffés d’ailleurs…

ce qu'il aime ♦ Déambuler dans les rues de sa ville en pleine nuit, quêter et obtenir l’attention des autres. Elle aime aussi les livres, les beaux mots, les bons mots, les gens qui vont droit au but et ceux qui jouent les manipulateurs, quand elle décèle leur petit jeu. C’est une fille sensible aux lumières, aux ambiances. Elle aime regarder les étoiles, fredonner en regardant passer les gens, faire des conneries quand elle les fait avec d’autres.
ce qu'il n'aime pas ♦ Avant tout, qu’on prétende lui faire la leçon. Je vis ma vie, vous la vôtre, venez pas m’emmerder ! Elle a horreur de la sensiblerie, que ce soit concernant les animaux ou les humains, ou quoi que ce soit d’autre. Elle déteste qu’on la tienne pour inexistante ou, pire, se faire humilier, réprimander devant tout le monde. Inutile de dire qu’elle ne supporte pas de s’entendre jugée,
orientation sexuelle ♦ Il faut avouer qu’elle a du mal à le savoir, mais si on lui posait la question elle se désignerait comme bi.
tolérance ♦ La différence lui plaît, ceux qui se détachent de la masse l’attirent irrésistiblement comme la lumière un papillon, pourtant, les manifestations, les militants lui donnent des envies de meurtre. Elle est d’accord pour toutes les opinions…à condition qu’on accepte les siennes aussi, et qu’on ne cherche pas à l’en faire changer. Les inégalités ? Sérieux, tant que ça touche pas son petit monde…
tics ♦ Elle fume parfois et a tendance à agiter la cigarette entre ses doigts, presque la faire tourner, au grand dam des gens à proximité. Elle mordille les stylos, joue avec du bout de la langue, et si elle n’a pas de stylo, ses doigts. Nerveuse, elle tourne la tête et mordille du bout des dents la pointe du col de sa veste. Ses doigts sont sans cesse en mouvement, tapotant sur la table, ou triturant un collier, un bouton…
couleur préférée ♦ J’ai pas compriiis la questioooon ! Bon, elle aime…le vert vif des forêts printanières.
animal préféré ♦ Le chat ! En fait, les félins dans leur globalité, mais surtout le chat, ce parasite…
sport ♦ La maraude…plus sérieusement, elle a fait du karaté, ça l’a gonflée, elle a fait de la boxe, ça l’a gonflée, elle a fait de la natation, elle a fait du cheval…et à chaque fois, ça l’a gonflée donc a duré un mois avant qu’elle ne claque la porte.
musique ♦ Elle écoute volontiers de la musique classique baroque, quand elle est seule. Sinon, elle donne dans le rock, un peu de hard rock voire métal, mais ce n’est pas si courant. Quelques chansons plus orientées punk, plusieurs des années 80…en vérité, elle aime les chansons, pas les genres ! Par contre, elle ne supporte pas le rap.
films ♦ Requiem for a Dream (même s’il la met affreusement mal à l’aise sans qu’elle sache trop pourquoi), Danse avec les Loups, la plupart des films de Burton pour leur ambiance si spéciale.
livres ♦ Les Fleurs du Mal de Baudelaire, 1984 de Orwell, Le Meilleur des Mondes de Huxley, Le Seigneur des Anneaux, Les Hauts de Hurlevent, Cyrano de Bergerac, Un Roi sans Divertissement de Giono, Les Raisins de la Colère de Steinbeck et L’Envol de Pierre Bottero. Et aussi L'Elégance du Hérisson, qui la gêne, une sorte de fascination morbide...les nouvelles d'Edgar Poe, la nuit dans un lit, et Territoires de l'Impossible de Brussolo.
dans sa poche ♦ Elle a souvent un briquet et des cigarettes…quand elle les oublie, elle taxe ! Un téléphone portable, les clés de chez elle pour rentrer à n’importe quelle heure, et celle de quelques amis aussi. Elle porte toujours un Opinel, on ne sait jamais, ça sert toujours, et de l’argent avec ses papiers.
scolarité ♦ Son bulletin est un exercice de style de la part des profs… « sort par la fenêtre quand j’entre par la porte » ; « la greffe sur le radiateur a bien pris » ; « semble avoir des difficultés à s’orienter dans l’espace : se trompe fréquemment de porte entre la classe et la sortie » ; « a oublié le nez de clown pour compléter son accoutrement »…jusqu’à des remarques plus excédées : « regarde le cours comme une vache un train, en ruminant » ; « a atteint des abîmes de paresse »…et quelques profs plus attentifs que les autres : « pourrait atteindre des sommets…si elle l’acceptait » ; « serait en tête si elle ôtait le frein à main » ; « semble rechercher l’ignorance sans y parvenir ». Une élève intelligente, très intelligente même, avec une mémoire énorme quand elle se décide, mais qui se freine, qui se braque. Refuse d’apprendre et se plante sciemment aux épreuves écrites. Une élève qui aime apprendre, adore ça, a de la culture et malgré elle, « absorbe » le cours, le comprends, mais refuse catégoriquement de faire ce qu’on lui demande. Elle agit comme le capitaine de navire qui saborderait lui-même son vaisseau pour justifier l’abandon d’une mission.


truc en plus ? ♦ Elle est asthmatique, pas trop gravement ; du stress plus un effort physique la font s’effondrer à genoux. De nature stressée, elle est particulièrement sensible à l’écoulement du temps ; pressez-la, elle perd tout contrôle. Pas particulièrement phobique, elle a simplement horreur des contacts, au point de se crisper, de s’enfuir. Enfin, c’est une jeune surdouée, non, pas un génie, juste une fille hypersensible, avec une mémoire énorme, de grandes facultés d’abstraction et…une fragilité de porcelaine.

Caractère
Tout oiseau aime à s'entendre chanter

Son caractère…elle se connaît mal. A 17 ans, la demoiselle se comporte comme une gosse égocentrique qui refuse l’autorité par principe. Qui refuse tout, en fait, et refuse encore plus qu’on lui tende la main. Blessée, dégoûtée, elle préfère encore se vautrer dans son pathétisme et envoyer promener tous ceux qui tentent de lui venir en aide. Laissez moi crever, ne vous occupez pas de moi, j’ai pas besoin de vous. C’est le discours qu’elle pourrait tenir.

Maëlle a horreur d’être contrainte, simplement horreur. Horreur qu’on lui assène des faits sans les expliciter…sa grande réponse vis-à-vis d’une explication est « admettons », et la grande question, c’est « et pourquoi ? ». Elle se cabre, refuse d’obéir aux règles qui ne lui semblent pas claires, et comme, avec mauvaise foi et drapée dans son égocentrisme, elle estime que toutes les règles qui la contraignent sont erronées, elle passe son temps à ruer dans les brancards. Elle est comme un chien fou, qui, si on lui passe un collier et une laisse de force, tirera et regimbera jusqu’à s’en étrangler ou se casser le cou. Il y a une forme de folie là-dedans ou, du moins, quelque chose de pas net…

Elle est sensible. Hypersensible, du point de vue sensitif, cela se manifeste par une grande attention aux détails, aux sons, et un seuil de gêne très vite atteint. Elle fuit le bruit, par exemple, et voit les contacts comme une agression terrible. Même le souffle de quelqu’un qui soupire dans le métro, si elle le sent, la gênera. Pour le reste, elle encaisse, serre les dents face aux frustrations. Tout la frustre, tout la vexe, elle est comme une écorchée vive qui, d’un coup, relâche la vapeur et explose littéralement. Gare à ceux qui se trouvent alors à ses côtés ! Elle souffle le chaud et le froid avec ses proches, leur saute au cou un jour et les repousse violemment l’autre, elle s’amuse du désarroi de certains garçons qu’elle séduit pour un soir et maltraite ensuite jusqu’au point de rupture. Trouver les points où ça fait mal, y appuyer sans vergogne, et voir ses interlocuteurs blessés, cela l’amuse, c’est comme un catharsis, surtout. Faire souffrir, pour ne pas être la seule.

Si elle est tolérante au niveau des opinions, elle ne tolère pas…les autres. Leur présence, leur existence, la gênent parfois atrocement. Au point où c’est vécu comme une agression, selon son humeur du moment, d’où des crises de colère violentes, si elle ne peut, à ce moment précis où le réel devient gênant, le fuir. Tout ce qui s’approche d’elle, elle le vit comme une menace. Tous ceux qui respirent son air sont une gêne à éliminer, et pour cela, elle ne connaît, ou n’accepte d’utiliser que la violence.

C’est pourtant une fille intelligente. Très intelligente, en vérité, avec diverses passions. Une fille qui se love dans sa chambre, la musique dans les oreilles, un bloc sur les genoux, et dessine, écrit, crayonne, invente tout un univers imaginaire d’une richesse incommensurable, comme celle de tout univers. Une fille qui se plonge à perdre haleine dans des romans, dans des écrits, dans la musique et le cinéma, une fille qui comprend en classe, retient facilement de nombreux détails mais qui, comme elle ne fiche rien, n’apprend pas, écoute à peine, rend copie blanche sur copie blanche, quand elle rend une copie. Et qui alterne entre ces loisirs solitaires, et des nuits, journées, semaines de folie où elle s’étourdira jusqu’à en avoir le vertige de mille divertissements, tout, tout pour ne pas avoir à penser, pour noyer son propre cerveau dans un tourbillon qu’il ne peut pas gérer. Se blesser, s’épuiser, elle s’en moque, son intégrité physique ne compte plus en ces moments là. Elle n’en a rien à faire. Elle vit dans une sorte de maelström irréel qui lui convient bien, puisqu’il lui interdit d’être elle-même ou de réfléchir aux raisons qui la poussent à agir ainsi.

Et elle suffisamment intelligente pour saisir qu’elle a un problème. Pas difficile à comprendre…mais, si elle le sait et le remarque, elle refuse de l’admettre, et refuse également toute aide. Elle préfère se complaire dans cette sorte de spirale destructrice. Plus drôle ? Non, et cela ne lui plaît pas forcément, mais elle ne voit pas l’intérêt de faire l’effort de comprendre, de réfléchir, ou juste de remettre quoi que ce soit en question. En fait, c’est plus. Elle ne veut surtout pas se remettre en question. C’est tellement plus facile d’agir ainsi, que d’affronter ses démons.

Opinion politique
I've put my fingers into my eyes

Elle n’en a rien, mais alors rien à faire. Alors que sa conduite la fait doucement glisser vers la pente des Désaxés, alors que ses parents s’inquiètent pour elle, alors que certains grondent après cet ordre qu’ils jugent inique, Maëlle s’en fiche royalement. Cela n’entre pas dans son univers, cela n’influe pas avec sa petite vie, pas vraiment, alors franchement…et puis, être désaxée ? D’accord, qu’est ce que ça changera ? Elle sera ce qu’on lui dit qu’elle est…

Histoire
Les vieux péchés ont de longues ombres


Vous vouliez une histoire originale, celle-ci commence d’une façon banale…et quelle héroïne détestable, oh la la…
Elle naît le 13 décembre 1994, de deux parents, comme beaucoup de gens. Hélène McWard et Arthur du même nom forment un couple, un couple uni, qui s’aime, et qui a décidé d’avoir un gosse. Une petite fille, nommée Maëlle, une petite larve de trois kilos toute mouillée qui se contorsionne et hurle. Tout le monde, dans leur entourage, le trouve lourd, ce môme qui braille, mais pour eux, c’est la huitième merveille du monde. C’est beau l’amour.
Maëlle n’est pas une fille d’axés, ses parents sont des lambdas, des gens neutres qui ne s’embêtent pas avec ces histoires de classification. Oh, ils se méfient des désaxés, vieux préjugé difficile à éradiquer, et pas si erroné que cela au vu du comportement de certains, mais ils ne sont pas si admiratifs envers les Axés. Ce ne sont pas des idiots, ces deux parents, Hélène est une chercheuse en physiologie animale, et son époux un architecte de renom, tous deux sont des gens cultivés, intelligents, drôles et serviables. Une famille parfaite, avec une gamine qui court partout, pépie, et trouve mille occasions de satisfaire sa curiosité insatiable. Quelquefois, elle les surprend. Ce vocabulaire châtié, qui quelquefois s’échappe de ses lèvres, apparaît comme quelque peu incongru dans la bouche d’une petite fille, mais ils en sourient, ils lui expliquent les mots compliqués et lui apprennent encore des choses, elle ne semble attendre que cela. Et en avant, les balades à dos de poney, l’école maternelle, quelques larmes, les bons copains, les jeux de balle, les anniversaires aussi, les goûters, les collages, les cartes de Fête des Mères…une famille simple, aisée, des parents épanouis dans leur travail, une petite qui s’ennuie un peu à l’école, alors, elle apprend à lire. Et ses parents l’y aident, indifférents au regard désapprobateur des autres qui y voient une « gamine poussée »…non, une gamine qui veut apprendre.

Mai 1999. Il est allongé dans son lit, calé par des oreillers, mais son visage creusé de souffrance conserve une incroyable dignité. En mai 1999, Arthur McWard en a assez de se battre contre ce cancer, si imprévu, si fulgurant. Les reins…il avait mal depuis quelques mois, il a consulté, verdict : un rein abîmé, verdict, des métastases, et un sursis, un délai. Comment réagir, quand on sait combien de temps il vous reste à vivre ? Comment réussir à embrasser sa femme, sourire à la gamine qui se jette dans vos bras en hurlant que papa, papa, le monsieur il avait une aguille, il t’a piqué ? Comment réussir à ne rien changer ? Tout change, doucement, les flacons d’analgésiques, les traitements curatifs, les visites de médecins, les opérations…les traitements palliatifs. Et cet homme, digne, dans son lit, devant sa femme et une petite fille blottie contre elle, aux yeux écarquillés. Cinq ans, Maëlle tend la main vers son père, lui saute au cou, lui offre un dessin. Elle a six ans, le soleil se couche sur les murs de la ville et leur terrasse orientée plein ouest. Petite, elle avait peur du crépuscule, croyait que le soleil ne se lèverait plus jamais. Petite, elle croyait au mythe d’Apophis qui veut avaler le soleil, du chat immense qui se bat pour que le Ré égyptien survive au passage dans le royaume de l’ombre et des morts. Aujourd’hui, sa crainte a disparu ; elle sait que le Soleil se lèvera de nouveau, et ainsi de suite, sa mère lui a expliqué cela en faisant tourner un citron autour d’un globe terrestre. Au petit matin suivant, Maëlle, qui aime tant le lever du soleil, l’admire depuis sa fenêtre, sur les toits de la ville, sans bruit, pour ne pas éveiller sa mère qui n’aime pas voir sa fille debout dès six heures du matin. Le soleil étincelle de tous ses feux, glorieux, se lève pour cette petite princesse qui l’idolâtre. Mais son père ne se lève pas. Plus.

Il faut apprendre à vivre à deux, avec ce fantôme dans leurs têtes, avec l’écho de paroles, de sourires. Il faut réussir à ne rien laisser paraître, sourire aux gamines qui l’observent à l’école comme si elle allait s’effondrer, avec une curiosité malsaine, sourire aux questions de la maîtresse, qui, en voulant faire preuve de délicatesse, après avoir annoncé l’évènement à la classe, la questionne. Sourire, sans répondre. Tais-toi, mais tais-toi, j’ai mal.

Septembre 2001. Dans le monde extérieur, deux tours vacillent sur leurs bases. Le monde aussi, les certitudes. Tant de gens retiennent leur souffle en regardant s’effondrer les Tours Jumelles, qui ont eu l’orgueil de se penser invulnérable par la magie de leur drapeau rouge et rayé. Mais ce sont plus que des tours qui s’effondrent, pour Maëlle. C’est son univers qui se délite. Le poste de télévision est allumé dans le commissariat, elle voit son grand père la rejoindre, appuyé sur le bras d’un policier, son grand père qui est le dernier vivant de sa génération, dans la famille, et qu’une dégénérescence nerveuse mine doucement, mine lentement, jusqu’à faire trembler les fondations de son être. Le policier tend la main à Maëlle, qui consent à détacher ses yeux sombres des images de la télévision, et le suit jusqu’à une pièce glacée. Frissonnante, elle voit une forme. Le policier est mal à l’aise ; d’ordinaire on ne demande pas ça à une gamine, mais ce vieil homme n’a plus toute sa tête, et les règles sont strictes…alors il demande rapidement à la petite, gêné, choqué, révulsé :
« Alors ?
- …Oui. »
Oui. C’est bien sa mère sous ce drap noir. Attaquée, détroussée par un voleur quelconque, encore un désaxé, dira le commissaire qui observe, désolée, la petite. Il ajoutera qu’il faut s’occuper d’elle, elle ne saisit, elle si vive d’ordinaire, pourquoi s’occuper d’elle, et maman, elle ne peut pas ? Et grand-père ? Sur l’écran, les Tours Jumelles s’effondrent, s’effondrent dans un abîme sans fin…

L’orphelinat. Un beau bâtiment de briques beiges, où la conduisent deux hommes, avec une valise, des vêtements, des peluches. Tout le reste, a promis le notaire, serait entreposé jusqu’à sa majorité, et alors, elle pourrait tout récupérer. Maëlle a hoché la tête, elle est trop petit pour comprendre tout ça. Elle n’avait pas de parrain ni de marraine alors, un ami de ses parents sert de tuteur, mais il est pauvre, il ne peut pas assumer une enfant, alors, il lui tient la main devant ce joli bâtiment de briques beiges. Dedans, des enfants rient. Elle entre. La suite est floue. Une nurse, des jeunes femmes, et des hommes aussi, accueillants, la regardant comme un animal à apprivoiser. Ils lui laissent un lit isolé pour le début, où elle se tapit, petite chose effrayée, et surtout, perturbée ! Et puis, la curiosité de l’enfance reprend le dessus. Elle ferme les yeux dans la cour, pour ne pas voir les tours immenses qui la surplombent, puis va vers les autres, joue au ballon, à la marelle et chante des comptines en bondissant par-dessus l’élastique. Chute, se blesse au genou, gémit pour la forme quand on passe l’antiseptique sur la plaie, arbore fièrement un pansement. Défend son ballon, farouche, aux côtés d’une autre petite fille, contre deux garçons qui aimeraient se l’approprier, et discute, le danger écarté, avec la gamine de son âge. Elle s’appelle Leïla, a six mois de plus qu’elle, apparemment. Pourquoi Leïla est-elle ici ? L’enfant la regarde et finit par raconter une histoire décousue. Maëlle hoche la tête sans tout saisir. Elles sont trop jeunes.

Eté 2006. Il faut bien sortir ces gosses ! Alors, l’école où sont scolarisés les petits de l’orphelinat les emmène se promener dans la ville, le parc, jouer avec d’autres enfants à l’occasion d’une fête dont Maëlle n’a pas retenu le nom. Avec Leïla, sa grande amie, et Gwenola, une autre bonne copine, elles gambadent dans l’herbe, enchaînent les bêtises. Sourient aux garçons, aussi, car leurs treize ans commencent à les démanger, à l’approche de l’adolescence. Leïla et Maëlle improvisent une petite danse au milieu des herbes. L’air sent bon le soleil, la joie de vivre, mais les blessures restent vives dans les yeux des enfants.

Octobre 2009, Maëlle a quinze ans, et se tient raide comme la justice face à un couple tout ce qu’il y a de plus commun. La femme, aux cheveux châtains, tient le bras d’un mari déjà poivre et sel, qui semble vaguement embarrassé. Finalement, il tend la main vers la jeune fille, qui recule imperceptiblement. Le psychiatre de l’établissement, en blouse blanche, épie la scène. Il entraînera ensuite le couple un peu plus loin pour leur parler. Le couple. Un Axé, bonne situation familiale, un homme connu pour son héroïsme dans une vieille histoire de vol, conseiller en placements financiers de son état. Une lambda, professeur de faculté, passionnée de sciences et enseignant la biologie à des étudiants bien sages et gentils, une lambda tout ce qu’il y a de plus correct. Tyler et Emily Seegan, couple au bonheur parfait, mais sans enfant…voilà pourquoi ils passent à l’orphelinat, pourquoi ils ont parlé aux enfants qui se pressent autour d’eux, avides de quitter cette morne place où il ne sont pas maltraités, mais où ils s’ennuient, voilà pourquoi Maëlle se tient face à eux. Ils ont jeté leur dévolu sur elle et elle, elle n’est pas contre. Elle est donc là, ils se regardent en chiens de faïence, eux ayant peur de l’effaroucher, elle se demandant ce qu’il convient de dire. Finalement, ils ont des papiers à signer, ils s’écartent, elle recule, s’enfonce dans les couloirs, rejoint Leïla.
Leïla l’attend, assise sur son lit, car elles partagent une chambre depuis quelques mois, et depuis quelques semaines, l’amitié entre elles a laissé la place à une complicité proche de la tendresse et de l’intimité. Gwenola n’est plus là, elle a été adoptée. Et Maëlle, si elle aime Leïla, se refuse à laisser passer sa chance de sortir d’ici ; son amie de toujours approuve, mais en voyant les valises entassées devant la porte, une larme coule sur sa joue, reflet de celle qui chatouille Maëlle. Les deux se dévisagent, puis Maëlle s’assied sur le lit à côté de Leïla et la serre contre elle, sans rien dire. La gorge bien trop nouée pour articuler ne serait-ce qu’un malheureux mot. Elle se sent coupable de la laisser…mais Leïla lui ordonne de partir. La prévient que, si elle refuse sa chance, elle, Leïla, ne lui adressera plus jamais la parole. Alors, c’est pour ne pas la perdre que Maëlle accepte de la quitter, après avoir échangé mille promesses, mille espoirs et rêves et autant de mots ou de liens.

Nouvelle vie, nouvelle maison. Nouveau lycée. Maëlle, après avoir erré comme un chat perdu, s’adapte doucement aux us et coutumes du lieu. Les deux premiers mois sont glissants pour tous mais très vite, chacun reprend ses marques. Le couple goûte le plaisir de la vivacité de la jeune fille qui retrouve ici l’ambiance chaleureuse de sa famille perdue. Au lycée, elle se fait des amis. Intelligente, et tous le sentent, elle se cache, demeure dans la norme de peur d’être la cible de jaloux, mais sa gentillesse la rend populaire. Elle continue à voir Leïla, qui se sent seule, qui semble si triste…elle a bien demandé aux Seegan de l’adopter, mais ils ont refusé. Ils n’en ont pas le temps, pas les moyens. Jusqu’au jour, un an après son adoption par les Seegan, où Maëlle pousse la porte de l’orphelinat, crie le nom de Leïla dans le parloir. Leïla n’est pas dans le parloir. Et quand elle interroge les employés, elle apprend que Leïla n’est même plus dans le bâtiment. Mais dans cette grande zone ouverte qui se trouve derrière le parc. Cet endroit où, anonymes comme les pierres, se dressent mille stèles, d’indigents enterrés sans grande pompe, de suicidés ou trucidés retrouvés ici et là. La chambre n’a pas encore été attribuée à un autre enfant. L’odeur de Leïla est là, ses effets personnels, ses affaires, des dessins et des textes qu’elle lui avait montré. Il reste encore un flacon de parfum dans la salle de bains, son nécessaire à maquillage, et les marques de sang dans la baignoire. Il aura fallu du temps à Maëlle pour comprendre ce qui s’est passé ; elle ne parviendra jamais à savoir pourquoi. Et quelle importance d’ailleurs ? Puisque Leïla n’est plus là.

Et elle laisse tomber. Elle a mal et, comme un animal blessé, montre les crocs ; sur qui reporter sa douleur ? Maëlle se souvient des Seegan, qui ont refusé d’adopter Leïla. Et d’elle-même, qui n’a rien vu venir. Alors, au lycée, elle ne veut plus rien faire. Elle se fiche bien de l’avenir que lui peignent les professeurs excédés, elle végète en fond de classe et passe pour une cancre. Elle ne veut plus être elle-même, elle cultive l’art de la répartie, l’art de la méchanceté gratuite et de l’agression. Ses amis la laissent de côté et elle les laisse tomber, file vers les cancres, ceux qui jouent avec leur cutter en ricanant après les sixièmes. Noue des relations peu recommandables, d’abord timide, mais peu à peu, l’attraction de la spirale se fait plus forte, et elle est désormais des leurs. Elle fait le mur, parfois, et traîne dans les rues aux côtés de personnes bien proches des Désaxés, elle enchaîne les bêtises, et les Seegan ne savent plus quoi faire. Ils la traînent chez des psys, ils l’envoient voir des médecins, elle renâcle, elle fuit ou déstabilise les professionnels, car elle n’est pas idiote et joue à « qui manipulera l’autre ». Le plus souvent, c’est elle. En un an, elle est devenue autre. Parce que Maëlle Seegan, celle qu’elle était, l’enfant passionnée de littérature, de musique, cultivée, gentille, vit encore, mais planquée, protégée par cette nouvelle carapace. Et si la douleur reste, elle peut l’attribuer à d’autres causes. Elle se fait un film de jeune fille brimée par la société, incomprise. Elle a conscience au fond d’elle de ce que cette attitude a de stupide et d’autodestructeur. Elle s’en moque. Elle continue, et ses parents se désolent de la voir devenir ainsi, ce d’autant plus qu’à sa majorité, le spectre du Désaxe lui pend au nez.

Elle fait quelques jolies rencontres. Des petits amis absolument pas fréquentables. Et un type taillé comme une armoire à glace, dans qui elle rentre littéralement un soir où, tabassée par deux types outrés de sa conduite, elle fuit droit devant elle. Demetrius, dit-il s’appeler. Elle se débat, il ne lui laisse pas le choix, il l’interroge, il décourage fortement les agresseurs de la jeune femme qui, voyant l’homme dont la stature les domine, filent. Elle finit par le remercier, et c’est déjà comme s’il avait pénétré sa carapace de dureté. Elle tourne dans les rues alentours, d’autres jours, et un jour le revoit, l’invite à prendre un café, parle encore. Se découvre des points communs avec ce solitaire à qui suffit la compagnie de son chien et de son furet. Demetrius, elle finit par l’appeler Dee, et même Dee-kun, quand elle est vraiment contente de le voir. Elle finit par être invitée dans le repaire de cet homme qui ressemble à un cliché sorti droit d’un livre sur les metalleux, et y découvre quelqu’un d’intelligent et de sensible, ce quelqu’un qu’elle avait entrevu sous la grosse brute que les gens voient rapidement. Elle sympathise avec ses animaux, elle s’assied sur un fauteuil et le regarde dessiner ses pochettes d’album en silence. Pourquoi babiller ? Le silence leur suffit. Ou bien elle savoure, comme lui, cette musique qui a son élégance et son charme, tout en se plongeant dans un de ces romans dont le style lui plaît, comme à lui. Elle se remet au dessin, elle qui avait laissé de côté ses pinceaux à la mort de Leïla, et quelquefois, elle s’amuse même à essayer de faire, de son côté, les pochettes que lui réalise. Pour le plaisir. C’est une notion qu’elle redécouvre.

Dehors, elle est la même, la sale gosse, l’adolescente stupidement blasée, qui refuse d’admettre qu’il y a un problème. Elle n’a jamais parlé de Leïla à Dee, un peu de ses relations avec sa famille, sans plus, et il l’écoute sans la juger. C’est pour ça qu’elle lui parle en fait. Quelquefois, aussi, elle cherche les limites. Elle continue à s’autodétruire et à chercher à le faire, malgré cette nouvelle camaraderie. Dee, c’est son grand frère, mais seul il ne suffit pas à la tirer du gouffre, puisqu’elle y plonge d’elle-même. Mais à ses côtés, c’est comme une accalmie où la petite fille blessée en elle peut enfin respirer et revoir le jour, et où elle peut abaisser son bouclier puisque, près de Dee, la douleur s’estompe aussi. Personne ne l’a sauvée, puisqu’elle ne veut pas l’être. Mais elle ne s’est pas complètement perdue, et cette dualité la gêne encore plus.

La dernière année de lycée, elle n'a rien à y faire, elle n'y fout rien. Ses parents adoptifs, elle ne leur parle plus. Ces derniers temps, grand frère Dee ne parvient plus à occulter complètement ce poids sur son coeur, qui lui serre la gorge, et elle, elle ne veut plus se battre. Elle en a marre.

Derrière l'écran
Perfection is my direction

crédit ♦ Créditez ici le créateur de votre avatar.

puf ♦ Chamallow
découverte ♦ Momo m’a pubbé et pubbé et pubbé…depuis le temps que j’entends parler de Huli !
avis ♦ Que pensez vous du forum ? Design’ trop sombre, mais parfait, pusique c’est Momo qui l’a fait. *Meurt décapitée par un micro-ondes*. A part ça, écoute, l’organisation me semble viable, sympa, on navigue sans grande difficulté dedans. La PA est bien organisée, tout ça n’est pas trop « lourd »…à la limite, sur la PA, j’aurais peut-être préféré un résumé de l’histoire plutôt que de balancer le pavé de texte, mais c’est pas trop gênant en soi.
autre ♦ Epouse de mon cœur je t’aime !!


Dernière édition par Maëlle Seegan le Dim 30 Oct 2011 - 18:53, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS]   Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS] Icon_minitimeDim 9 Oct 2011 - 15:19

[plaaaace ♪ au Prince Ali ♫]
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Demetrius « Dee » Dashawn
JE SUIS LA POPULACEcherchant un axe
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MessageSujet: Re: Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS]   Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS] Icon_minitimeMar 11 Oct 2011 - 14:23

Epouse ! :82:
Bienvenue sur le fofo :3 Je t'ai validé ton code, je te laisse tout le temps qu'il te faut pour finir ça, au pire j'irais taper les gens à ta prépa pour que tu ai plus de temps à me consacrer parce que je veux te possédeeeeeer. /o/

*ZBANG*

Enfin bref, bon courage pour la suite. :3
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MessageSujet: Re: Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS]   Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS] Icon_minitimeDim 30 Oct 2011 - 18:54

Youuuf, fini! Je me suis permis d'intégrer Dee dans l'histoire, comme on en avait parlé, si ça te va pas, tu me tapes et tu me dis ce que tu veux que je change! Au fait, j'ai créé un couple Axé-Lambda, ça pose un problème ou ça colle avec les "lois"? Reste plus que l'avatar.
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MessageSujet: Re: Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS]   Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS] Icon_minitimeDim 30 Oct 2011 - 18:59

Tu peux jouer. I love you
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MessageSujet: Re: Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS]   Un roi sans divertissement est un homme plein de misère - Maëlle Seegan [EN COUUURS] Icon_minitime

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