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  [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle.

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MessageSujet: [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle.    [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle. Icon_minitimeMar 1 Nov 2011 - 22:45

Il était tôt, tout comme il était certain que la jeune fille immobile dans la rue aurait dû être en classe. Le soleil se levait à peine, soleil automnal, sur les rues engourdies par la nuit, et les fenêtres illuminées révélaient, par leurs silhouettes indistinctes, des morceaux de vie. Petit déjeuner, et là les gestes d’une femme s’habillant, un enfant le nez à la vitre de sa chambre, une femme en tailleur marchant vite…Maëlle Seegan, adossée au mur, que les gens évitaient d’un bond de côté, fumait paisiblement, spectatrice silencieuse. Les rayons de lumière perçant les nuages soulignèrent la finesse de la demoiselle, finesse presque exagérée. Une brindille, une petite brindille prête à être balayée par le vent, qui tentait vainement de s’accrocher au sol de ses grosses chaussures à lacets, d’où émergeaient deux jambes aux collants sombres, menues, noueuses, les cuisses masquées par une jupe droite sans histoires. Une ceinture de cuir, cloutée, un chemisier soyeux et rouge bordeaux enfoncé dans la jupe, sous un blouson de cuir négligemment ouvert, soulignaient encore sa fragilité. Petite chose frêle qui tentait de se rendre importante. Autour de son cou, un foulard étrangement bariolé, un peu terne, protégeait sa gorge des mois frais de l’année. Elle protégeait son visage fin, pâle, aux traits fins à dominante asiatique dans le col de sa veste ornée de quelques chaînettes, de ci, de là, et sous un calot gris, orné de trois étoiles et d’une salamandre, un insigne qu’elle partageait avec certains de ses amis et que tous arboraient ; elle avait le même autour du cou, au bout d’une petite chaîne d’argent, où pendait aussi un phénix en grenat. Si elle avait dû se promener dans les quartiers sombres, elle se serait habillée avec plus de prudence, mais ici, dans les petites ruelles surveillées de près, la demoiselle savait que nul ne se risquerait à la détrousser. Elle tirait donc profit de l’argent de ses parents pour satisfaire son léger goût du luxe. Achetez peu, mais achetez beau, aurait-elle pu brandir sur une pancarte.

Maëlle Seegan tira une nouvelle bouffée de sa cigarette, plus pour faire quelque chose de ses doigts que par réel besoin. Loin d’être accro à la cigarette comme d’autres de son entourage, elle ne fumait que très occasionnellement, ce d’autant plus qu’elle était légèrement asthmatique. Ses yeux brun sombre, limpides pourtant, sautaient d’un visage à un autre, tandis que nul n’accordait la moindre attention à cette jeune fille au maquillage un peu trop agressif et aux vêtements étonnants. S’adossant un peu mieux contre un mur de briques beiges, elle laissa son regard courir, de ci, de là, notant l’arc d’une arcade magnifiée par le soleil levant, et les morceaux de vie grappillés derrière les vitres encrassées et embuées. Le murmure de la ville s’élevait doucement, et fille des ruelles, n’ayant jamais connu la campagne, elle aimait cette douce rumeur comme un enfant de la forêt goûterait le bruit du vent dans les arbres. La ville, qui s’éveillait, monstre tentaculaire et immense, aux besoins tout aussi gigantesques, monstre étrange, entre la beauté des grands quartiers et les basses zones, sordides, puantes, où il lui arrivait de s’aventurer, jamais seule. Maëlle jouait avec sa cigarette et en mordilla le bout, le regretta aussitôt, mais c’était un véritable tic, tandis qu’elle notait la splendeur d’un mur ancien, et l’allure étrange de cette femme…et la couleur de la rue poussiéreuse illuminée, et les reflets sur le caniveau mouillé, et le sourire de ce gosse…autant de tableaux, autant de lumières, qui seraient matière à des dessins, peut-être seule, de la musique dans les oreilles, peut-être aux côtés de Dee, chez qui il lui arrivait de se réfugier.

Croyant reconnaître un de ses professeurs, Maëlle redressa la tête, alarmée, mais l’homme passa sans regarder et elle se rasséréna. Elle n’était pas censée se trouver là ; ses parents adoptifs ne le savaient pas non plus, ils la croyaient en cours. Pardon, espéraient qu’elle se trouvait en cours. Ils ne savaient plus quoi faire de la jeune fille, qui enchaînait les bêtises plus ou moins graves, les affaires louches et les mauvaises fréquentations, en passant par des loisirs peu recommandables. Ils avaient bien essayé de la traîner chez un psychologue, mais la demoiselle n’était pas une idiote et finit par prendre l’ascendant sur un homme qui, dégoûté, laissa tomber. Elle en vit d’autres, chacun jetant l’éponge après un moment, jusqu’à ce que sa famille d’adoption ne renonce. Parler à des types qui lui prenaient de l’argent et la regardaient en disant « je suis ton ami » , et puis quoi encore ? Et comment un autre aurait-il pu l’aider ? Elle ne voulait pas qu’on l’aide, et c’était là l’ennui.

Vint un groupe surexcité, qui s’arrêta quelques minutes non loin d’elle. La cigarette brûla les doigts de Maëlle, qui sursauta. L’espace de quelques minutes, elle s’était perdue dans les méandres de son monde imaginaire, peuplé de créatures fantasmagoriques ou de personnages torturés, ce monde qui était comme son refuge, ce monde où elle écrivait les aventures d’êtres si forts, si puissants, comparés à elle, et ce monde où elle déversait ses rancoeurs, ses peines, pour que la splendeur de cet univers où rien n’allait jamais de travers, où même la souffrance se faisait belle, purifie ses démons. Mais depuis quelque temps, plus rien n’était purifié. Ses dessins n’étaient plus qu’images sombres et violentes, ses mots se durcissaient, et elle peinait à basculer dans cette espèce de transe imaginative où elle pouvait retrouver son vaste monde intérieur. Ces derniers temps, cette dernière année, elle se tournait plutôt vers l’extérieur. Vers les distractions, vers le danger, pour lui procurer l’incroyable exaltation intellectuelle de la création. Et en cours, elle qui s’était toujours ennuyée à mourir, mais était demeurée dans la moyenne sans le moindre effort, se braquait violemment. Non, elle ne voulait plus apprendre ! Le monde se faisait agressif à ses sens d’hypersensible, le monde la blessait, l’empêchait d’évoluer, le monde devrait disparaître. Ou elle, disparaître au sein du monde. Les autres ? Un mur la séparait d’eux, un mur comme une cage de verre. Elle les voyait, elle ne parvenait pas à communiquer avec eux. Pas quand elle laissait remonter à la surface sa personnalité, fragile et émotive, sensible, sous la carapace de dureté et de violence qui la protégeait.

Petite chose perdue au milieu d’un monde trop vaste, et qui tentait désespérément de se donner de la consistance tout en se diluant dans cet univers où elle ne parvenait même pas à communiquer. Maëlle écrasa sa cigarette sur un mur, discrètement, dans son dos, la laissa tomber au sol puis se mit à marcher, s’enfonçant dans les ruelles. Où aller ? Peut-être chez Dee, mais elle craignait qu’il ne la réprimande pour avoir séché les cours. Dee était une des rares personnes dont l’opinion et surtout, l’affection lui importait. Alors elle alla droit devant elle, grappillant des images et des tableaux fugitifs, seule pour changer.
Jusqu’à heurter violemment quelqu’un, alors qu’elle avait tourné la tête pour observer l’étal d’un fripier. Maëlle bondit aussitôt de côté, hérissée, révulsée par le contact physique, et fronça les sourcils, plaçant ses mains devant elle en défense, mais agressant verbalement l’autre passant :

« Bordel, regarder où tu vas, c’est trop compliqué pour le chewing-gum qui te sert de cervelle ? »
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Demetrius « Dee » Dashawn
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MessageSujet: Re: [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle.    [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle. Icon_minitimeJeu 17 Nov 2011 - 12:54

Son furet somnolant sur l’épaule, un sac en bandoulière et les mains dans la poche kangourou de son sweat à l’effigie de Nirvana, Demetrius jeta un bref regard en arrière pour vérifier que son chien le suivait. Ayant résolu dans la matinée de se rendre vers le quartier des Neiges pour y régler une affaire avec le chanteur d’un groupe de jazz lui ayant demandé une affiche qu’il n’avait jamais payé, le grand barbu avait donc quitté Bodom où il résidait pour se diriger vers le quartier populaire, escorté par le gros Fortress, son chien, Sid le furet s’étant glissé sous le pull du maître avant de grimper sur son épaule, imposant de ce fait sa présence absolument pas dérangeante. Petite boule de poils toute chaude collée contre la peau de son maître, il s’était plongé dans un demi-sommeil dont il ressortait, ouvrant ses grands yeux intelligents, dès qu’une odeur suspecte venait caresser ses narines. Toutefois, marchant à grands pas comme à son habitude, Dee avait fini par devoir se mêler à la foule des travailleurs anonymes se dirigeant vers leurs emplois dans la nuit des matins hivernaux. Sentant la présence de nombreux regards négatifs sur ses cheveux encore épais, crépus et ébouriffés des dreadlocks qu’il avait porté quinze ans durant et qu’il avait décidé d’abandonner seulement quelques mois plus tôt, il haussa intérieurement les épaules. Il savait bien que sa chevelure actuellement brune, ondulée et suffisamment longue pour que, même quand elle était attachée, elle lui tombe bien en dessous des omoplates, ne faisait pas l’unanimité auprès de la population des Neiges. A Bodom, où les gens étaient bien moins regardants sur le physique, il croisait régulièrement son lot de punk, métalleux et gothiques qui, plutôt que de le juger négativement, lui lançaient des regards approbateurs, mais aux Neiges ou pire, à Donna Freyja, les gens s’écartaient légèrement sur son passage, la plupart du temps autant impressionné par l’homme que l’imposant bâtard noir qui le suivait tranquillement, sans que Dee ne juge utile de le tenir en laisse. De nombreux regards s’attardaient sur le furet ou sur les lourdes New Rock achetées d’occasion que portait fréquemment Demetrius, quand ce n’était pas une paire de rangers payées à bas prix dans un surplus ou des Doc Martens coquées et toutefois plus passe-partout. La plupart du temps, les gens s’arrêtaient aussi sur ses vêtements, aujourd’hui sur le sweat Nirvana et le treillis gris qu’il portait. En été, lorsqu’il se promenait sans perfecto ou même sans pull, les divers bracelets répartis sur ses avant-bras faisaient leur petit effet aussi, mais en cette période de début septembre, le froid avait déjà commencé à se faire sentir et le grand dessinateur avait ressorti son immense keffieh rouge – qui pouvait servir de drap en été, double utilisation – et les rares fois où Sid décidait de s’activer, c’était pour venir se blottir sous le tissu chaud. Marchant donc tranquillement de son pas calme et cliquetant à cause des chaines accrochées négligemment à son treillis et de ses New Rock bardées de fer, son chien sur les talons, Dee aperçut devant lui un petit groupe d’adolescents, habillés à la mode du moment, un air revêche peint sur le visage. S’avançant vers lui, celui que le métalleux devina être le chef de la bande lui jeta un regard méprisant avant de lancer à ses amis d’un ton aigre :

« C’est un peu comme à Bodom dites donc, ça pue la merde par ici, vous trouvez pas ? »
« Ca peut s’expliquer, l’ogre a chié à deux mètres de la porte. »


Légèrement désarçonné par le timbre grave et calme de Demetrius, le jeune se reprit toutefois bien vite, continuant sur le même ton.

« T’es geek en plus ? Tfeuh ! »
« T’es bien con et j’en fais pas une maladie. Allez maintenant laisse moi passer avant de t’attirer des problèmes. »


Tandis qu’il parlait, Fortress vint se camper tranquillement à côté de son maître, relevant ses babines sur des crocs blancs qui suffirent à faire passer à la petite bande l’envie d’ennuyer davantage Dee. Grand, noir et musclé, le chien était souvent assimilé à un animal méchant, bien qu’il n’ai jamais mordu personne sinon pour protéger son maître. Caressant rapidement la tête de son protecteur avant de tourner dans les petites rues, Demetrius sortit de son sac en bandoulière un paquet de Marlboro qu’il avait retrouvé dans le bordel régnant dans sa chambre, vestige de l’époque pas si éloignée où il fumait encore des cigarettes qu’il ne roulait pas, et en sortit une, extirpant un briquet de la poche de son treillis, et alluma rapidement sa cigarette avant de reposer briquet et paquet à leurs places respectives, plongeant de nouveau une main dans sa poche tandis que de l’autre il tenait sa cigarette. Se retournant une nouvelle fois pour vérifier que Fortress le suivait bien, il sentit tout à coup quelqu’un se jeter contre lui, avant d’entendre une voix bien connue l’agresser avec fureur. Soufflant doucement la fumée, il répondit de sa voix rocailleuse très calme :

« Bonjour Maëlle, moi aussi je suis ravi de te voir. »

Il tira une nouvelle taffe tandis que Fortress lançait un regard sympathique à la jeune fille, Sid bâillant avec amicalité pour la saluer. S’adossant contre le mur, il reprit d’une voix tranquille :

« En retard à l’école ou plutôt formellement décidée à ne pas y aller ? »


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MessageSujet: Re: [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle.    [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle. Icon_minitimeJeu 8 Déc 2011 - 22:05

Maelle resta quelques secondes bouche bée. Ce civil qui venait de la bousculer, la heurter rudement, la sortir brutalement de son monde intérieur, et qu’elle était prête à congeler sur place après l’avoir brûlé au troisième degré…c’était Dee ! Son Dee à elle, son « vieux Dee » comme il lui arrivait de dire, pour taquiner ce dessinateur taciturne qui jouait pour elle le rôle de confident, de grand frère, presque de mentor par moment. En attendant, elle avait mis quelques secondes à le reconnaître, et s’il ne l’avait pas salué à cet instant elle aurait encore ajouté quelques phrases fleuries sans même regarder à qui elle avait affaire. Mais puisque c’était son dessinateur préféré ! Toute son agressivité s’envola en quelques secondes, autant chassée par la surprise que par sa joie de revoir Dee.
Maelle fit marche arrière à une vitesse fulgurante et embraya sur le mode « effusions », la jeune fille belliqueuse et refusant tout contact humain se muant en une jolie demoiselle au sourire ravi, qui aurait pu sauter au cou de Dee si elle n’avait pas su que se faire sauter au cou, ce n’était pas forcément sa tasse de thé. Ce d’autant plus que le furet Sid se planquait sûrement quelque part au niveau des épaules ou des manches de Dee, et que Maelle, aimant bien cette espèce de saucisson de fourrure, s’en serait voulu de l’abîmer. En bref, elle se contenta d’un large sourire et répliqua :

« Dee ! Je ne t’avais pas reconnu ! Euh, moi aussi je suis ravie, en fait. »

Petit sourire d’excuse. Elle démarrait au quart de tour et ne supportait pas le monde alentours, mais Dee, ce n’était pas le monde alentours, et c’était lui qui avait trinqué pour les autres, ceux qui l’exaspéraient et la transformaient en une sorte de boule de nerfs. Encore heureux qu’il ne s’en formalisât pas ! Avisant Sid qui bâillait pour la saluer, la jeune fille remarqua :

« Je vois que la vie est dure, Sid... »


Fortress lança un regard amical à la jeune fille qui s’avança et tendit la main vers le grand chien, sans aucune once de crainte. Musculeux, les babines s’entrouvrant sur des crocs dans un état impeccable et son poil plus ras sur le crâne laissant deviner une mâchoire de molosse, le chien était impressionnant, sauf quand on savait que l’animal, parfaitement élevé, n’aurait jamais fait de mal à une mouche, tant que la mouche ne se montrait pas agressive envers Dee. Maelle flatta gentiment la tête du chien noir avant de pivoter sur ses talons, vie comme une danseuse, avec un sourire à Dee :

« Plutôt la version deux ! J’ai cours de physique, maths et français aujourd’hui…le prof de physique va encore passer deux heures à essayer de faire comprendre une notion simplissime à la bande de bovins stupides et amorphes, la prof de maths, elle passera son temps à me déranger alors que je veux juste dessiner au fond de la classe...à quoi bon aller en cours de sciences pour passer la journée à m’ennuyer, tourner en rond, devoir en plus supporter ces types bouffis d’importance et vautrés dans leur ignorance qui répèteront mille fois une évidence pour le simple plaisir de s’en gargariser, et cette bande d’élèves aussi dégourdis que des moutons qui ne capteraient même pas la plus élémentaire de ces évidences ? Quant à la prof de français, tu sais bien que je me suis un peu fritée avec elle récemment…»


En effet, Maelle avait conté voilà quelques semaines sa mésaventure avec le professeur de français à Dee. Cette femme, imbue d’elle-même et persuadée de faire face à des crétins analphabètes, ce qui dans certains cas n’était pas si faux, avait très mal pris la réussite éclatante de Maelle à un sujet d’invention noté par un autre professeur qu’elle-même, et avait sous-entendu que la jeune fille avait triché, ou du moins s’était attirée la bienveillance du professeur en question. Les élèves de la classe n’avaient pas manqué de ricaner comme une meute de hyènes, y voyant quelque allusion grivoise, et Maelle, prenant la mouche, avait répliqué vertement. Le professeur s’acharnant, défié dans son autorité, la jeune fille avait pu laisser libre cours à sa verve naturelle avant de partir en claquant la porte. Cet épisode s’était, comme tant d’autres, achevé dans le bureau d’un directeur qui ne la gardait que parce que ses parents payaient la scolarité sans sourciller. Evidemment, Dee, chez qui la demoiselle avait filé se réfugier après avoir claqué la porte, avait eu droit au récit complet. Maelle racontait toujours tout à Dee. Et, bien que son ami ne portât pas vraiment de jugement sur sa conduite, paradoxalement, il était bien le seul qui ait prise sur Maelle de ce point de vue là. Les reproches de ses parents adoptifs, des professeurs, les leçons de morale glissaient sur son bouclier mais le moindre mot de Dee avait tendance à percuter sa carapace avec la force d’un boulet de canon.
La jeune fille joua machinalement avec le phénix de son pendentif, tout en grattant les oreilles du gros Fortress. C’était toujours amusant de remarquer les yeux effarés des passants et le détour qu’ils faisaient quand ils dépassaient le chien. Se redressant après avoir gratifié l’heureux canidé de mille flatteries, Maelle remarqua soudain qu’il était étonnant de rencontrer Dee, de si bon matin, dans un quartier si éloigné de son petit chez-lui. C’est pourquoi elle lui demanda soudainement, avec la vivacité dont elle était coutumière quand elle cessait de montrer les dents pour un oui ou un non, tout en appuyant son épaule droite contre le mur :

« Mais dis, et toi, qu’est-ce que tu fais là ? »
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MessageSujet: Re: [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle.    [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle. Icon_minitimeVen 27 Jan 2012 - 20:31

Demetrius retint un sourire amusé lorsque sa pupille, l’ayant reconnu, changea radicalement d’attitude et sans prendre la peine de s’excuser, parce qu’elle savait très bien qu’elle n’en avait pas besoin, elle le salua d’un air enjoué. La jeune fille sourit de la paresse du furet avant de caresser gentiment Fortress avec cette douceur qui avait contribué à ce que le grand barbu qui servait de maître au molosse lui accorde sa confiance. Quand on entretenait bien Fortress, on s’attirait la sympathie de Dee, et par là celle du chien et du furet qui lui servaient de famille, puisqu’ils calquaient leurs attitudes sur la sienne. Tirant sur sa cigarette, il ne chercha même plus à retenir son sourire lorsque la fille lui expliqua le pourquoi de ses actes, à savoir un séchage de cours intempestif qu’il comprenait parfaitement. Plusieurs fois, il avait hésité à aller dire sa façon de penser à la professeur de français de sa pupille accompagné de Fortress, histoire de voir si elle continuerait de tenir des propos abaissants au sujet de Maëlle, mais un long dialogue avec Sid, ou en l’occurrence un monologue sous le regard fatigué d’un furet qui n’en avait pas grand-chose à cogner, avait finit par le décider qu’il ne valait mieux pas ajouter sa cuillérée de problèmes dans la tambouille déjà suffisamment aromatisée des emmerdes de sa jolie amie. Toutefois, les allusions grivoises qu’avaient faites certains élèves lui avaient moyennement plu, et il avait mis un point d’honneur à croiser accidentellement Maëlle à la sortie de ses cours quelques jours plus tard, le chien et le furet sur les talons comme à son habitude, et à la raccompagner chez elle l’air de rien, faisant passer cet écart de son trajet pour un léger détour vers le quartier dans lequel il avait prétendument rendez-vous pour rendre un travail sur une pochette d’électro, puisque non content d’être particulièrement tolérant sur les styles de musique, il était également volontaire pour se déplacer chez ses clients, qu’ils tolèrent la présence du chien ou non. De toute façon il refusait de laisser son Fortress chéri tout seul dehors et préférait discuter de son art sous la pluie auprès de son chien que bien au chaud dans un salon cossu avec l’impression désagréable de trahir son canidé.
Soufflant doucement de la fumée après avoir tiré une taffe sur sa cigarette, Dee posa Sid au sol, puis secoua sa longue crinière pour se débarrasser des nœuds que le rongeur avait fait dans ses cheveux, puis le reprit et le redéposa sur son épaule, observant sa pupille qui s’appuyait contre le mur tout en lui demandant ce qu’il faisait par-là. Il prit une nouvelle taffe en appuyant son dos à côté de l’épaule de Maëlle, et, soufflant en cercles concentriques, observa les volutes de fumée s’envoler, avant de répondre :

« Une affiche pas payée pour un groupe de jazz aux Neiges qui passe au HSB, le concert était le mois dernier, ils n’ont toujours pas jugé utile de me rembourser l’avance que je leur avais faite, alors je veux mon pognon. J’en ai besoin pour mes factures d’électricité, mon abonnement imaginaire à World of Warcraft et le concert des ZZ Top le week-end prochain. J’aimerai bien qu’ils passent le week-end prochain, pas toi ? Ce serait cool quand même, les ZZ Top à Huligan. »

Tirant doucement sur sa cigarette, il flatta la tête de son toutou chéri, avant de regarder sa pupille droit dans les yeux :

« Tu veux que ça se calme avec ta pétasse de français ? J’aime pas ce genre de profs là, et il est pas question qu’elle continue à te pourrir la vie. Alors si tu veux je peux m’expliquer un peu avec elle, ou bien me faire passer pour ton père et réclamer un rendez-vous, à condition que tu me gardes Fenrir ou que tu t’arranges pour que le rendez-vous ai lieu quelque part où il puisse venir. »

Il avait ce ton calme et posé des propositions qu’il faisait et dont il tiendrait pas compte si elles étaient repoussées. C’était comme le voulait la demoiselle, si elle préférait laisser pisser, alors il pisserait avec elle pour que y’ai plus de courant et que ça parte plus vite.
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MessageSujet: Re: [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle.    [Liiiibre!] L'école buissonnière et la ville comme jungle. Icon_minitimeDim 12 Fév 2012 - 16:11

Maelle perçut le sourire de Dee, son grand frère adoré, tandis que Fortress poussait son nez sous la paume de la demoiselle. Elle lui gratta les oreilles, indifférente à la forte odeur de chien qui risquait de l’accompagner jusqu’au soir, et murmura des mots doux au chien. Elle parlait de ses problèmes en cours à Dee, et Dee écouta avec un sourire, ce sourire compréhensif qu’elle aimait bien. Ses parents, devant elle, échangeaient des regards et avaient des gestes qu’on a devant une bête menaçante, mais Dee, il l’écoutait avec un sourire, elle sentait qu’il comprenait, et il ne prêtait pas attention à elle quand elle faisait la rebelle, l’animal agressif. Il hochait la tête en souriant, et Maëlle se calmait. Ca ne loupait jamais, même quand elle était furibonde, même quand elle déboulait chez Dee avec l’idée, peu glorieuse et qui la couvrait de honte après coup, de passer ses nerfs sur son protecteur favori. Dee hochait la tête. Quand elle venait gémir et agonir d’injures le garçon qui l’avait quittée, ou maudire celui qu’elle quittait, il hochait la tête. Il ne la sermonnait pas. Il parlait pour de vrai, disait ce qu’il pensait, sans penser au politiquement correct et pour cela, elle l’aimait.
Maëlle regarda Sid, posé au sol, s’enrouler autour des pieds de Dee puis venir explorer les monstrueuses bottes de la jeune fille, qui souleva gentiment le pied pour amuser l’animal, alors qu’il était assis sur sa chaussure. Quand elle reposa ses semelles à terre, Sid descendit, tout en ondulations vexées, et la gamine éclata de rire, câlinant Fortress qui venait quêter un peu d’attention.
Elle avait toujours eu un excellent contact avec les bêtes, sans savoir pourquoi, mais c’était probablement la raison qui lui avait attiré la sympathie de Dee. La raison…s’il avait fallu trouver une raison. Le proverbe était après tout vrai, il n’y avait aucune raison pour que Dee accorde son affection à une sale gosse, qui se battait, se soûlait parfois, s’attirait mille ennuis et nourrissait contre le monde une haine tenace. Aucune raison. Même l’œil affectueux de Fortress. Mais il l’avait fait, contre toute raison, et Maëlle ne serait pas allée s’en plaindre même si, dans ces rares moments où elle acceptait de jeter sur elle un regard sans fard et où elle admettait ce qu’elle ne reconnaîtrait jamais devant personne, elle s’estimait bien indigne de l’amitié d’un homme pareil.
Et Dee faisait une de ces remarques teintées d’un brin d’humour absurde qui faisaient mourir de rire Maëlle. Les délires, toujours plus haut dans l’improbable, l’absurde et le surprenant, étaient son grand plaisir. Il lui fallait être dans une humeur bien spéciale pour réellement « décoller » mais dès lors, Maëlle ne s’arrêtait plus. Elle se cala un peu mieux contre le mur, ignorant les diverses matières suintantes, mortier mal séché, eau sale, puis s’offrit une seconde de réflexion. Et hocha vigoureusement la tête :

« Oui ! Les ZZ Top à Huligan…ah, il faut qu’il te rembourse avant ce weekend ce groupe, alors, que les ZZ Top puissent venir. Quel niveau sur World of Warcraft ? Si tu veux j’ai quelques spécimens d’orcs et de gobelins dans ma classe…par contre, l’elfe, je le cherche toujours, ma foi. »


Elle se pencha et passa une main sous le ventre de Sid, le hissa à hauteur de ses yeux, sérieuse comme un pape, et lui flatta la tête, indifférente aux petites dents pointues de la bête. Sid ne la mordrait pas tant qu’elle ne le blesserait pas et jamais, au grand jamais, elle ne ferait mal à Sid. Sa prise pouvait bien paraître brutale à des ignares en matière d’animaux, mais elle tenait Sid avec délicatesse et douceur. Pince sans rire, elle l’interrogea :

« Hé Sid ? Tu veux pas faire l’elfe, toi ? »

Elle reposa gentiment le furet et soutint le regard de Dee quand il lui parla. C’était tentant…très tentant. Mais…

« Franchement, ça me donne bien envie. L’ennui, c’est que ma prof de français n’est pas trop du genre à réagir aux menaces, même si tu pourrais sûrement la faire flipper un brin. Surtout avec Fortress et ses grandes dents, si tu oublies de lui dire qu’il est parfaitement bien élevé...hein Fort’ ? Nan, Dee, je pense que ça ne fera que la remonter encore plus et surtout, elle voit de temps en temps mes parents et elle serait capable de leur parler de toi. Et je n’ai aucune envie que mes parents apprennent qui tu es et surtout qui tu es pour moi. »

Elle leva les yeux au ciel :

« Ils seraient capables de flipper et de m’interdire de sortir. Enfin, pour ça…je sais sortir par la fenêtre mais si je pouvais éviter d’abattre toutes mes cartes…je préfère garder quelques biscuits de côté au cas où mon bulletin, ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs, comme une énième nuit au poste –et je n’étais pour rien dans la dernière d’ailleurs, je ne crois pas t'avoir raconté cette mésaventure là?-, ne les décide à mettre un verrou à ma porte. »


Maëlle dans toute sa splendeur. La gamine dont le vocabulaire fleuri faisait même rougir les pseudo-caïds de la classe maîtrisait à merveille les subtilités de la langue française, acquises à longueur des pages de livres de tous les genres. Quand elle voulait. Et elle ne voulait clairement pas toujours, au grand dam de ceux qui prétendaient l’éduquer.
Ses parents…Oui, ils auraient pu interdire à Maëlle de revoir Dee, craignant que le dessinateur n’éloigne leur fille adoptive de leurs propres valeurs, ou pire, qu’il ne l’entraîne dans quelque combine louche. Force des préjugés ! Maëlle connaissait bien les valeurs de probité, d’honnêteté, de loyauté ou d’honneur qui étaient en cours chez elle, et elle les respectait. A sa façon, elle les respectait, et il était des points et des principes sur lesquels elle ne transigeait jamais. Et elle savait bien que Dee ne l’entraînerait jamais dans quelque chose qui puisse lui nuire…mais ses parents s’attachaient à l’apparence. Et risquaient de redouter l’artiste ou l’influence qu’il avait sur celle qu’ils appelaient leur fille.
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» 30.12.11 ; Welcome to the JUNGLE. \o/
» Maïwen V. •• Les mouettes, c'est pas comme les pigeons. On dirait que c'est moins con. Mais va savoir.
» Nawel S. •• Ce que l'imagination saisit comme beauté doit être la vérité ♪
» PASIPHAE ★ t'as beau être monté comme un taureau, il a un truc que t'as pas, un cerveau.

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